La puissante Commission de l’économie et des redevances du Conseil national (CER-N) disposait d’une occasion rêvée pour jouer le rôle qu’on aurait pu attendre d’elle : renforcer enfin le soutien essentiel à l’économie, à la culture, aux indépendant-e-s, au salarié-e-s et aux PME. En lieu et place, une majorité de ses membres a préféré jouer les experts sanitaires et priver le Conseil fédéral de certains de ses moyens d’action pour lutter contre la pandémie.

Malgré les heures de discussions menées à la CER-N, des pans entiers de l’économie sont délaissés, alors même que la nécessité d’intervenir rapidement dans nombre de secteurs durement touchés par la crise relève de l’évidence. Secteur culturel, cas de rigueur, allocations perte de gain (APG), indépendant-e-s... autant de sujets qui semblent moins prioritaires pour la CER-N que la question de la réouverture impérative des stands de tir.
 
En matière de réduction de l’horaire de travail (RHT), les seuils salariaux permettant de verser 100 % du salaire pour les plus bas revenus ne seront ainsi pas revus à la hausse, même si la prolongation de l’existant jusqu’à fin 2021 reste une demi-victoire. Par ailleurs, la droite veut d’assouplir l’interdiction du travail du dimanche en profitant d’une pandémie mondiale pour faire passer ce qu’elle souhaite depuis des années : libéraliser au maximum les horaires de travail aux dépens du personnel. Samuel Bendahan, conseiller national (VD) et vice-président du PS Suisse, le souligne : « Augmenter le travail du dimanche : une bien étrange manière de remercier les bas revenus, qui font un travail d’importance systémique depuis le début de cette pandémie. »
 
Il est également scandaleux que la solution non bureaucratique trouvée pour aider rapidement et efficacement les travailleurs/euses culturels ait été sabordée par la majorité bourgeoise, malgré la situation dramatique dans laquelle ils se trouvent. Le PS s’est toujours engagé à ce que tous les secteurs dans le besoin reçoivent une aide rapide et efficace.
 
Plus grave, en n’ayant aucun moyen de connaître la situation sanitaire qui prévaudra dans près d’un mois, la CER-N décide de museler les expert-e-s du Conseil fédéral en inscrivant dans la loi l’ouverture des fitness, des magasins, des restaurants et des stands de tir dès le 22 mars. La CRE-N sonne ainsi le glas d’une lutte contre pandémie basée sur les faits et les données concrètes. Elle outrepasse ainsi largement ses compétences et enlèverait au Conseil fédéral des moyens d’action importants dans sa gestion de la pandémie. Et ce, malgré le fait que le Parlement et la population aient clairement approuvé le transfert des pouvoirs au gouvernement en cas de pandémie. En outre, les membres de la Task Force seraient partiellement muselés dans leur communication. Cette approche relève de la censure, indigne d’une démocratie.
 
Pour Samuel Bendahan, « la majorité de droite préfère ainsi prendre des risques incalculables avec la santé publique de la population dans le seul but de cacher sous le tapis ses propres manquements dans le déclenchement des moyens nécessaires pour soutenir, comme il se doit, une économie en grande difficulté ». Le PS Suisse interviendra en plénum pour apporter les corrections essentielles à ce projet de loi.

27. fév 2021