Voilà dix jours, la population suisse n’a pas simplement rejeté le Gripen, elle a également ouvert la porte à une réforme de l’armée. Le Conseil fédéral doit profiter du projet de Développement de l’armée (DEVA), pour adapter cette dernière aux menaces et défis réels du XXIe siècle globalisé. Pour le PS, cela signifie que l’armée doit être plus svelte, mais plus efficace, tout en garantissant la sécurité du pays au travers de la coopération internationale. Sur le plan financier, le PS exige que les 300 millions réservés pour le Gripen soient immédiatement réaffectés dans le budget de la Confédération et que le DEVA s’aligne sur un budget militaire annuel plafonné à 4,1 milliards de francs.

Le PS a présenté aujourd’hui, devant la presse, ses propositions pour une armée moderne, efficace et crédible. Les dangers naturels, le terrorisme ou les cyberattaques représentent les menaces potentielles pour la Suisse. Cependant, notre armée est inadaptée pour combattre efficacement ce type de risques. L’armée, à l’avenir, doit notamment renforcer ses tâches de stabilisation internationale, dans les Etats où les structures institutionnelles ne fonctionnent plus. Le DEVA, tel qu’imaginé par le DDPS, doit maintenant être réorienté. Il n’est pas imaginable de maintenir une armée de masse onéreuse, de s’isoler de la scène internationale et de transformer l’armée en un réservoir de forces de travail au service des cantons.

Pour le PS, la situation est claire : l’armée doit prendre au sérieux les menaces esquissées par le DDPS lui-même et collaborer avec nos voisins. Pour la conseillère nationale (BE) Evi Allemann, « la coopération conduit à un gain en matière de sécurité, l’exclusion à une perte de sécurité ». En ce sens, le PS estime que le projet DEVA doit être corrigé dans le sens d’une collaboration européenne accrue.

Une armée qui joue le rôle d’auxiliaire de police pour les cantons, tel que proposé par le DDPS, n’est tout simplement pas acceptable pour le PS. Pour cela, il existe des institutions civiles spécifiques, telles que la police, les garde-frontières ou la protection civile. En matière de sécurité intérieure, l’armée n’a pas d’autres tâches en dehors des situations de menaces exceptionnelles. Elle ne doit donc plus légitimer son existence au travers de courses de ski ou de fêtes de lutte, mais doit s’en tenir aux missions que lui confie la Constitution : défense nationale, promotion de la paix à l’étranger et soutien aux autorités civiles en cas de situations exceptionnelles.

Les conclusions sont claires pour Pierre-Alain Fridez, conseiller national (JU) : « Avec un regard sur les risques réels et ses missions, l’armée doit être clairement redimensionnée. » A court terme, le PS peut accepter comme solution de compromis un volume de troupes de 80'000 hommes mais à moyen terme, l’armée n’a besoin, pour remplir ses tâches, que de 50'000 hommes au maximum.

Il est temps de mettre un terme à l’augmentation incontrôlée des dépenses militaires. Pour Christian Levrat, président du PS Suisse et conseiller aux Etats (FR), « une armée à 5 milliards n’apporte aucune plus-value à notre sécurité ». Les 300 millions destinés à l’acquisition des Gripen ne sont plus nécessaires pour le DDPS et doivent impérativement retourner dans le budget général de la Confédération. Le DEVA doit conduire à une armée plus svelte, mais plus efficace. En ce sens, un plafond budgétaire annuel fixé à 4,1 milliards de francs, comme ce fut le cas jusqu’en 2011, est largement suffisant. 

27. mai 2014