À l’heure du tournant énergétique, il s’agit de viser une alimentation en électricité sûre et respectueuse de l’environnement. Or la libéralisation rend les investissements nécessaires à y parvenir encore plus difficile. Les expériences européennes montrent assez clairement l’inefficacité d’un marché électrique libéralisé. L’électricité devant être considérée comme un service public, il est logique qu’un contrôle public et démocratique continue d’être appliqué dans ce domaine.

L’ouverture partielle du marché helvétique et l’ouverture totale européenne sont des échecs cuisants du libéralisme économique. Partout, des systèmes de subventions doivent être mis en place pour pallier les échecs du marché. Pour Roger Nordmann, conseiller national (VD), « une plus grande dose de libéralisme conduira nécessairement à plus de problèmes, comme le démontre la pseudo-concurrence que se livrent les caisses maladie, lesquelles proposent, in fine, le même produit ». Pour le consommateur final, l’expérience montre que les prix ne baissent pas. Cependant, au lieu d’aller aux producteurs d’électricité, la marge est absorbée par les intermédiaires commerciaux. Le PS Suisse s’oppose à une libéralisation complète et unilatérale du marché électrique suisse, comme le propose ici le Conseil fédéral. Comme l’accord avec l’UE n’est pas encore signé, une libéralisation n’est absolument pas nécessaire.

S’il doit être procédé à une libéralisation dans le cadre d’un accord bilatéral, qui par ailleurs devrait améliorer la sécurité l’approvisionnement, le PS se battra pour que certaines conditions soient notamment remplies. Tout d’abord, des mécanismes correcteurs doivent permettre des investissements dans les énergies renouvelables, afin d’accroître leur efficacité et donc leur positionnement sur le marché. En effet, sans sécurité d’investissement, il est impossible d’avancer sur le chemin du tournant énergétique. Par ailleurs, les grandes infrastructures de production, le transport ou encore le stockage de l’électricité doivent rester en mains publiques. Enfin, des mesures sont nécessaires, afin de protéger les salaires et le personnel (CCT de domaine).

Le tournant énergétique a besoin de sécurité d’investissement, laquelle aide à atteindre les objectifs climatiques, et en aucun cas d’aventures de libéralisation aux conséquences imprévisibles, qui devront être corrigées par de nombreuses mesures d’accompagnement.

17. oct 2018