Le Parti socialiste appelle le Conseil fédéral à retirer immédiatement l'autorisation générale de la centrale nucléaire de Beznau. Les vulnérabilités de la plus ancienne centrale nucléaire du monde encore en activité sont graves. La découverte, en juillet, de dommages dans la cuve du réacteur, l'absence de documents importants, le déficit de sécurité en cas de tremblement de terre, la corrosion de l'enveloppe extérieure du réacteur, connue depuis 2009 déjà et, enfin, l'âge avancé de cette centrale nucléaire sont autant d’arguments justifiant sa fermeture. Allant dans ce sens, le PS a adressé aujourd'hui une lettre à la ministre de l’environnement Doris Leuthard, lui demandant d'exercer les responsabilités que l'article 67 de la loi sur l'énergie nucléaire lui attribue en retirant sur le champ l’autorisation générale de la centrale de Beznau.

L'article 67 de Loi sur l'énergie nucléaire stipule que l'autorisation générale doit être retirée dans le cas où « les conditions d'octroi ne sont pas ou plus remplies ». Il précise également que le retrait de l'autorisation générale est une prérogative du Conseil fédéral et que cette décision est « soumise à l'approbation de l’Assemblée fédérale ».

Le PS appelle le Conseil fédéral et le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) à débrancher aussi vite que possible Beznau. Les conditions pour une exploitation sûre de ses deux vieux réacteurs nucléaires ne sont plus réunies, notamment pour les raisons suivantes:

  1. Une étude parue en juillet émettait de sérieux doutes sur la solidité de l'acier de la cuve du réacteur de Beznau I. En conséquence, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a également ordonné une enquête pour Beznau II, actuellement en cours.
  2. La construction de Beznau I n’est pas complètement documentée. Des documents importants sont introuvables, rendant impossible la compréhension complète des problèmes de l'acier de la cuve de ce réacteur.
  3. Le respect des normes de sécurité en cas de tremblement de terre majeur n’est pas garanti. Comme révélé ce matin, l’exploitation de Beznau a pu se poursuivre au-delà de 2012 uniquement grâce à une mauvaise application des limites de radioprotection par l’IFSN.
  4. La coque extérieure du réacteur n'a pas été construite en béton armé et, de ce fait, n’est pas sûre en cas d’accident.
  5. L'âge avancé des plus anciens réacteurs nucléaires au monde encore en activité augmente le risque d'un accident, jour après jour.

« En cas de doute, la sécurité doit prévaloir », déclare le conseiller national (VD) Roger Nordmann, « d'autant plus que la centrale de Beznau est située au cœur d'une région densément peuplée, avec plus d'un million d'habitants dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. »

« Au vu de l'excédent de courant sur le marché européen », ajoute le conseiller national vaudois, « la Suisse n'a absolument pas besoin de maintenir en activité ses trois plus vieux réacteurs, soit Beznau I, Beznau II et Mühleberg, afin d’assurer son approvisionnement en énergie. » Notre pays doit, par contre, accélérer la transition vers les énergies renouvelables afin de pouvoir débrancher rapidement les deux grandes centrales du pays, à Gösgen et Leibstadt. 

20. aoû 2015