Chacun cherche aujourd’hui des voies pour mettre en œuvre le texte accepté dimanche dernier. Le Conseil fédéral, les partis (le mien aussi), tentent de limiter les dégâts et de trouver un moyen pour respecter la volonté populaire, sans pour autant casser la croissance économique et la vitalité du pays. Et si nous nous bornions juste à mettre en œuvre la décision du peuple, au plus près de sa volonté ?
L’initiative de l’UDC a été principalement acceptée dans les campagnes. Les villes et les centres économiques du pays l’ont rejetée. Il s’agit de prendre au sérieux la volonté populaire et de mettre cette initiative en œuvre, conformément aux craintes exprimées par les populations concernées. En concentrant donc nos efforts sur les régions où le OUI domine. Voici les dix premières mesures, simples à mettre en œuvre, afin de répondre de manière ciblée aux inquiétudes exprimées dimanche dernier :
- Il faut durcir la loi sur l’aménagement du territoire. L’ordonnance doit restreindre les possibilités de nouvelles constructions et interdire la mise en zone à bâtir de parcelles agricoles.
- L’initiative sur les résidences secondaires doit être appliquée dans toute sa rigueur. Il convient, conformément au vote exprimé par exemple par les habitants de Zermatt dimanche, de restreindre massivement les possibilités d’immigration étrangère dans les vallées alpines et, partant, d’interdire effectivement la construction de toute résidence secondaire.
- L’agriculture emploie 20'000 salarié-e-s étranger-ère-s. Ce chiffre doit être diminué de moitié afin de soulager la pression migratoire des régions concernées. Les contingents pour permis de courte durée destinés à l’agriculture doivent être immédiatement supprimés. Et la mise en œuvre de l’initiative doit garantir une réduction durable du nombre de salarié-e-s étranger-ère-s dans les cultures de fruits et de légumes, comme le souhaite la population de Thurgovie et Saint-Gall.
- Les discussions sur la réforme de l’imposition des entreprises III doivent être réorientées. Il n’est pas nécessaire de renforcer l’attractivité de la place économique suisse, génératrice d’une pression migratoire considérée comme néfaste par une majorité. Les pratiques actuelles, engendrant nombre de difficultés avec l’Union européenne, doivent être modifiées en relevant l’impôt sur les sociétés internationales au niveau de celui des sociétés suisses.
- Les forfaits fiscaux pour étrangers sont immédiatement abolis dans l’ensemble de la Suisse. Ils contribuent à augmenter le nombre d’étrangers oisifs résidant dans notre pays et discriminent clairement les contribuables suisses.
- La protection des salarié-e-s suisses doit être renforcée. L’exemple du Tessin montre que l’introduction d’un salaire minimum légal est urgente. Le Parlement doit revenir sur son refus de l’initiative pour un salaire minimum et le Conseil fédéral doit, suite au vote de dimanche, appeler la population à soutenir ce texte. Des contrats type sont immédiatement introduits pour les secteurs de l’agriculture, des soins à la personne et du nettoyage.
- Les contrôles contre le travail au noir doivent être intensifiés, tout particulièrement dans les régions rurales. Les employeurs ouvertement déclarés UDC sont contrôlés de manière ciblée, car l’expérience (Hans Fehr, Luzi Stamm, Jean Fattebert…) montre qu’ils tendent à recourir à du personnel sans autorisation préalable. Les lanceurs d’alerte et les personnes de confiance des syndicats dans les entreprises sont protégés contre toute mesure de rétorsion de la part d’employeurs peu scrupuleux.
- S’il n’est pas possible d’échapper à un contingentement de l’immigration, le Conseil fédéral met en consultation des chiffres par branche économique et par canton. Il tient compte de l’intensité des craintes exprimées par la population des différents cantons. Ainsi, les centres urbains se voient attribuer des contingents proportionnellement beaucoup plus élevés que les régions où la pression migratoire est considérée comme insupportable par la population locale.
- Le Conseil fédéral invite la BNS et les instituts bancaires à relever les taux d’intérêts pratiqués dans les régions périphériques. Il s’agit ce faisant d’anticiper l’explosion de la bulle immobilière, due à l’augmentation rapide du nombre de logements vides, et de ralentir un peu la surchauffe économique constatée par les habitant-e-s de ces régions.
- La liste des priorités établies dans le financement et l’aménagement des infrastructures ferroviaires (FAIF) est examinée à la lumière des votations de dimanche. Si l’introduction de quotas drastiques dans certaines régions devait avoir un effet sur l’évolution de la démographie locale, certains projets de développement de l’offre de transports publics pourraient être repoussés, voire supprimés, sans dommage.
Nous pourrions ainsi remplir rapidement les promesses de l’initiative UDC, et les attentes des régions concernées. Mais peut-être n’était-ce pas la volonté de tous ceux qui ont voté oui ? Dommage, ils auraient alors été trompés. Mais la volonté du peuple doit être respectée…
Soutiens dès lors notre appel urgent adressé au Conseil fédéral, à l'économie et aux partis de droite, en faveur d'une politique pour toutes et tous, sans privilèges.