Aujourd’hui, le référendum contre l’achat d’avions de combat de luxe a été déposé à Berne. Ce projet démesuré manque clairement sa cible. Il est démesuré par ses coûts, estimés à 24 milliards, qui grèveraient les caisses de la Confédération d’un montant conséquent, qui plus est dans une période économique plus qu’incertaine. Il manque sa cible, car les modèles proposés sont clairement inadaptés à la situation sécuritaire actuelle de notre pays ainsi qu’aux différentes menaces potentielles.

Les divers rapports officiels sur la sécurité de la Suisse sont parfaitement clairs. Les risques effectifs de sécurité pour notre pays sont les attaques terroristes (qui mettent en danger nos institutions et la population), les cyber-attaques d’États tiers ou d’organisations criminelles internationales (qui mettent en danger notre souveraineté, nos entreprises et nos infrastructures qu’elles soient sanitaires, électriques, industrielles) et enfin les pandémies (comme celle du COVID-19 avec les conséquences que l’on connait).

Il n’y a pas de scénario plausible pour qu’il y ait une attaque militaire par le ciel contre notre pays, ni aujourd’hui, ni dans les prochaines décades. D’une part, notre pays est entouré de pays qui défendent les mêmes valeurs démocratiques, avec lesquels nous avons une même communauté de personnes, une même communauté de recherche, et un même tissu économique. De plus, les pays européens, dont nos voisins directs, sont membres de l’alliance militaire de l’OTAN, qui dispose d’une puissante défense aérienne coordonnée, ou sont partenaires de cette alliance militaire. La Suisse ne court donc aucun risque d’être attaquée militairement et certainement pas par la voie aérienne.

Toutefois, la Suisse doit assumer sérieusement la police aérienne de son ciel. C’est une dimension importante de sa souveraineté. Pour cela, il suffit de disposer d’avions de combat légers et en nombre réduit, le tout avec un budget nettement moindre en ce qui concerne l’achat et l’entretien. La disponibilité d’intervention des avions de combat légers est bien supérieure à celle des avions de combat ultraperformants, qui restent le plus souvent stationnés dans des hangars pour une maintenance fort coûteuse. Un avion de combat léger suffit dans la grande majorité des cas nécessitant l’engagement de la police aérienne. De plus, l’acquisition d’appareils légers permettraient de ménager les actuels F/A-18, leur permettant d’être opérationnels au-delà de 2030, jusqu’à 2035, pour les scénarios plus complexes. En ce qui concerne le nombre d’avions, le Conseil fédéral lui-même admet que huit avions sont suffisants pour assurer la police du ciel. Une police du ciel renforcée et efficace devrait compter au grand maximum 20 avions de combat. Il n’y a aucun sens de dépenser 24 milliards de francs pour des avions de luxe avec une capacité de bombardement au sol.

Le DDPS et l’armée, complètement sourds à toute proposition alternative à leur option, ont refusé d’entrer en matière sur une solution fondée sur les risques réels et les besoins effectifs de notre pays. L’armée – sous influence de lobbies divers et de la coterie des pilotes d’avions de combat – est restée arcboutée sur son concept dépassé de réduit national aérien déconnecté des dangers réels de notre pays et totalement disproportionné d’un point de vue financier.

Le nombre substantiel de signatures, malgré le confinement démocratique lié au COVID-19, montre la nécessité d’amener l’armée et le Conseil fédéral à la raison.

C’est le moment de dire NON à un chèque en blanc pour des avions de combat de luxes !

17. juin 2020