Depuis plusieurs années, le 2ème pilier souffre de la faiblesse des rendements de la fortune. Pour y faire face, le Conseil fédéral a proposé une baisse du taux de conversion de 6,8 à 6%, soit une baisse de 12% des nouvelles rentes. Nombre d’experts considèrent cette baisse comme inéluctable, si l’on veut éviter la faillite de certaines caisses de pension.
Conscient qu’une simple baisse des rentes sans compensation n’aurait aucune chance en votation, le Conseil fédéral a choisi une stratégie nettement plus équitable, selon trois axes : primo, garantir le financement des deux piliers ; deuxio, maintenir le pouvoir d’achat des retraité-e-s dans sa globalité ; tertio, ne pas fixer à plus de 65 ans l’âge pour toucher une rente entière. Pour compenser la baisse du taux de conversion, le Conseil fédéral propose que l’on cotise désormais à la LPP dès le premier franc de salaire. Avec le temps, chaque assuré-e aurait davantage d’argent sur son compte LPP, ce qui compenserait la baisse du taux de conversion.
Lors de l’examen de ce projet, le Conseil des Etats s’en est tenu aux axes choisis par le Conseil fédéral. Cependant, pour compenser la baisse du taux de conversion du 2ème pilier, il a choisi une autre option : plutôt que d’accroître substantiellement les cotisations versées aux caisses de pensions, il augmente les cotisations de l’AVS et rehausse de frs. 70.- par mois et par personne les rentes. A mon avis, c’est une bonne décision. D’une part, parce que le financement de l’AVS est très solidaire : les hauts revenus cotisent sans plafond ; d’autre part, la simplicité du système permet de limiter drastiquement les frais administratifs.
Hélas, par 13 voix contre 12, la majorité a tout balayé lors des délibérations de la commission du National. Résultat : baisse des rentes du deuxième piller, sans aucune compensation ! De surcroît, la commission a introduit un automatisme pour l’augmentation de l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans. La réforme sera débattue au Conseil national le lendemain du vote populaire sur AVS+. Cette initiative propose une augmentation de 10% des rentes, à financer par une augmentation au pro rata des cotisations. Si elle est acceptée, la baisse des rentes LPP (-12%) sera dans une large mesure compensée par l’augmentation des rentes AVS (+10%). Si elle n’est rejetée que de justesse, le Parlement, craignant le référendum, se ralliera à la solution du Conseil des Etats, à peu près équilibrée. Par contre, si l’initiative fait un mauvais résultat, c’est la solution de la retraite à 67 ans avec une baisse des rentes LPP sans compensation qui s’imposera. Par conséquent, le 25 septembre, la sagesse dicte de voter OUI à « AVS+».