C’est aujourd’hui la journée internationale des droits des femmes. Or, il y a fort peu de raisons de se réjouir : les droits des femmes ne suscitent que trop peu d’intérêt dans le monde politique. Afin de protester contre l’indifférence affichée par les politiciens (mais aussi quelques politiciennes) bourgeois-es vis-à-vis de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, le Groupe socialiste dans son ensemble est venu au palais fédéral vêtu de noir. En outre, le Groupe s’apprête à déposer une série d’interventions, qui exigent que des mesures effectives soient prises, afin de concrétiser enfin l’égalité !

Les temps sont sombres pour les femmes : il y a quelques jours de cela, les hommes des partis bourgeois ont empêché, au Conseil des États, quelques timides avancées en matière d’égalité salariale. Ces derniers ont en effet renvoyé le projet de transparence des salaires en commission. Quelques semaines auparavant, la Commission des institutions politiques du Conseil national (CIP-N) s’était prononcée contre le fait qu’une représentation équitable des genres soit également prise en compte par le Parlement, en plus de celle des régions et des langues, lors des élections au Conseil fédéral. En octobre 2017, c’était cette fois le gouvernement qui refusait un congé paternité de quatre semaines et montrait ainsi toute sa mauvaise volonté en matière de conciliation entre vies familiale et professionnelle. Comme si tout cela n’était pas suffisant, les politiciens et politiciennes de droite multiplient, depuis des années, les demandes visant à faire fermer ou à diminuer les budgets des bureaux cantonaux pour l’égalité, objectifs qu’ils atteignent parfois, comme l’exemple récent du canton d’Argovie nous le démontre.

« Beaucoup de politiciens et de politiciennes de droite sont visiblement d’avis que l’égalité entre femmes et hommes, qui est pourtant une exigence constitutionnelle, n’est plus d’actualité », estime la conseillère nationale (TI) Marina Carobbio. « Mais les faits suffisent à leur donner tort », ajoute-t-elle. Les femmes gagnent aujourd’hui encore toujours moins que les hommes (la discrimination salariale inexpliquée s’élève, selon l’Office fédéral de la statistique, à 7,4 %) ; elles restent sous-représentées, que ce soit au niveau politique ou parmi les cadres supérieurs (par exemple, le Conseil des États ne compte que sept femmes du 46 membres) ; les femmes travaillent plus souvent dans des branches à bas revenus, sont davantage victimes d’agressions physiques ou sexuelles, vivent trop souvent uniquement de leur maigre rente AVS après leur retraite et sont encore souvent poussées hors du marché du travail après la naissance d’un enfant.

Il reste donc encore beaucoup à faire. C’est pourquoi les élu-e-s du Groupe socialiste aux Chambres fédérales se sont aujourd’hui retroussés les manches, pour déposer une série d’interventions parlementaires. Les mesures proposées visent notamment à combattre la discrimination basée sur le genre et exigent entre autres que l’administration fédérale établisse des rapports sur les avantages économiques de l’égalité salariale, ainsi que sur les mesures prises actuellement par la Confédération, les cantons, les communes et la société civile en vue d’atteindre l’égalité de traitement entre les genres. Parmi ces exigences se trouve la transparence salariale, ainsi que des crédits d’impôt pour chaque enfant à charge.

08. mar 2018